Quel avenir pour la politique étrangère américaine?

Antoni Robert

Sans l’ombre d’un doute, l’élection de Donald Trump à la présidence américaine laisse planer un sentiment d’incertitude à propos du futur de la politique étrangère des États-Unis, un pays qui se trouve au premier plan de la scène internationale quant aux enjeux de géopolitiques. Effectivement, tout au long de sa campagne électorale, le candidat républicain a annoncé divers engagements qui pourraient considérablement remettre en question le style de politique étrangère que Washington préconise depuis la Seconde Guerre mondiale

D’abord, sur le plan nord-américain, Trump a déjà affirmé son désir de construire un imposant mur sur la frontière américano-mexicaine. D’ailleurs, le candidat républicain a aussi mentionné qu’il déportera plus de 11 millions d’immigrés illégaux et qu’il considérait l’idée de ralentir l’arrivée de réfugiés syriens, voire éventuellement de bloquer momentanément une portion de l’immigration musulmane. Cette possibilité entacherait probablement les relations des États-Unis avec plusieurs États dans le monde. De plus, le milliardaire voudrait revoir l’Accord de libre-échange nord-américain, entré en vigueur en 1994. Cette perspective inquiète les gens d’affaires du pays, mais concernerait plus particulièrement le Mexique.

En ce qui a trait aux alliances de sécurité, Trump a remis en question l’implication des États-Unis au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). En effet, si les États membres de l’OTAN n’investissent pas davantage dans le domaine de la défense, il se pourrait que l’administration Trump cesse d’assurer leur sécurité. Selon le professeur Jonathan Paquin, en plus de menacer la sécurité et la défense canadiennes, cette perspective rendrait « […] les États baltes et les alliés est-européens […] hautement vulnérables face aux visées expansionnistes de la Russie, puisque Moscou aurait soudainement les coudées franches pour réaliser ses ambitions géopolitiques ». Toutefois, il est essentiel de souligner que ce ne serait pas la première fois que Washington chercherait à faire augmenter la participation des autres nations dans l’alliance.

En Europe, des États comme l’Allemagne et la France s’inquiètent de la volonté de Trump de vouloir forger une nouvelle relation avec la Russie. En considérant les récentes actions menées par Moscou, notamment en Ukraine, dans la région de la mer Baltique et en Syrie, cette éventualité pourrait remettre en question le futur de l’OTAN face à la Russie, tout en laissant une plus grande marge de manœuvre à Moscou dans le cadre de la résolution des conflits syrien et ukrainien. À l’évidence, il n’est donc pas surprenant que le président Poutine avait une préférence pour le candidat républicain, puisque « now after more than two years of biting economic sanctions and international isolation, Putin has a way to restore Russia’a global status and reopen ties with the West – and its name is Donald Trump« . La possibilité d’un rapprochement avec la Russie laisse aussi entrevoir une remise en cause de l’accord historique sur le nucléaire iranien, puisque Trump l’a déjà qualifié de « désastre

En ce qui concerne l’Asie, les prétentions isolationnistes du 45e président élu des États-Unis laissent croire que ce sera la fin du Trans-Pacific Partnership (TTP), qui fait partie du « pivot vers l’Asie » d’Obama, un ensemble de politiques qui a souvent été attribué à une prétendue volonté de contenir l’expansion de la Chine à travers le bassin du Pacifique. D’ailleurs, il est possible d’imaginer que des États tels que la Malaisie, les Philippines, le Vietnam et le Myanmar – qui semblent déjà indécis quant à savoir qui appuyer dans la course au pouvoir entre Washington et Beijing dans le Pacifique – se tourneront probablement vers la Chine. Si le soutien des États-Unis apparaît moins certain dans un futur avec Trump, la Chine deviendrait donc plus attirante. En ce qui a trait aux alliés traditionnels de Washington dans la région, soit Taïwan, la Corée du Sud et le Japon, ceux-ci risquent d’être moins confiants envers le « parapluie nucléaire » assuré par les États-Unis à l’égard de la Chine et principalement de la Corée du Nord. De plus, le milliardaire a déjà menacé de retirer toutes les troupes américaines en Corée du Sud. Ceci pourrait donc mener ces alliés à se doter de l’arme nucléaire, ce qui augmenterait considérablement les tensions régionales.

En somme, l’avenir de la politique étrangère des États-Unis, sous une administration républicaine menée par le coloré Donald Trump, reste inconnu et fortement teinté d’incertitudes. Compte tenu des possibles engagements en politique étrangère annoncés par Trump lors de sa campagne présidentielle, toutes les régions du monde cherchent à savoir ce qui adviendra de leurs relations avec la superpuissance mondiale, alors que d’autres régions comme l’Afrique se demandent même si elles seront concernées. Par ailleurs, dans la foulée de la COP22 qui se déroule actuellement au Maroc, plusieurs observateurs craignent qu’une administration américaine sous Trump ne recule face aux actions entreprises à l’égard des changements climatiques, étant donné que ce dernier les considère apparemment comme un canular créé par la Chine.

Pour l’instant, nul ne peut prédire l’imprévisible. Comme l’indique la professeure Anessa Kimball, « on sera capable de voir véritablement son approche en politique internationale seulement lorsqu’on connaîtra la composition de son cabinet ».

N.B. : l’image a été volontairement choisie en raison de son exagération.

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