Le 30 septembre dernier, le ministre de la Défense du Royaume-Uni dévoilait une nouvelle feuille de route stratégique pour la défense de l’Arctique. Avec cette initiative, le secrétaire général de la Défense Gavin Williamson souligne vouloir prendre en compte les changements majeurs que connaît la région : les opportunités, mais aussi – et surtout – les menaces. Pour la défense britannique, la sécurité passe désormais aussi par le Grand Nord.
Trois grandes lignes directrices peuvent être mises en avant. D’abord, la nouvelle stratégie met l’accent sur une proche coopération avec l’OTAN, dans une perspective de défense euro-atlantique. À cette fin, et c’est le deuxième point, elle table sur un renforcement de la coopération avec la Norvège, allié stratégique. Les entraînements conjoints de type Cold Response seront intégrés dans les politiques de défense des deux pays comme un axe de coopération majeur et verront donc une augmentation de la participation britannique. En fait, et c’est le dernier point, il semblerait que l’objectif sous-jacent soit de s’affirmer comme un arrière-poste stratégique des pays en première ligne que sont la Norvège et les États Baltes, ainsi que le souligne le professeur Klaus Dodds, dans le cadre d’une position de défiance vis-à-vis de la Russie. La politique témoigne d’une position de plus en plus prudente face à un acteur russe considéré comme imprévisible, et dont l’activité militaire apparaît croissante, tant dans l’Arctique que dans la région nord-atlantique.
La stratégie vise ainsi à affirmer le Royaume-Uni comme un acteur arctique de premier plan ; elle vise aussi à réaffirmer l’importance de l’OTAN, alors que la position des États-Unis de Trump est de plus en plus brouillée. Reste à savoir comment elle sera accueillie par les autres acteurs arctiques.
Christian Picard
Maxime Philaire
S. Leman-Langlois
Centre sur la sécurité internationale 