La sécurité et l’insécurité hybrides sont des phénomènes qui émergent de situations où sont présentes des vulnérabilités, des menaces et des stratégies de réponse caractérisées par leur hétérogénéité et par leur interaction. Ceci est le cas de la «zone grise», expression qui vise à décrire le contexte d’opérations militaires où des facteurs politiques, juridiques, militaires et sociaux (salubrité, eau potable, épidémies, criminalité, etc.) s’imbriquent et doivent être traités de concert.
L’avenir de la sécurité et des interventions internationales, selon beaucoup d’auteurs et de praticiens, est à l’augmentation exponentielle de la complexité dans la manière dont les problèmes de sécurité internationale sont appréhendés et, par conséquent, de celle des réponses qui seront élaborées. Les terrains physiques et informationnels ou cybernétiques d’où émergent les questions contemporaines de sécurité sont au carrefour de multiples considérations. D’une part, les facteurs précipitants – qui se trouvent également à être les outils potentiels d’intervention – sont à la fois environnementaux (notamment, les changements climatiques qui déplacent les populations et ébranlent les économies), sociaux (transformations culturelles et démographiques), politiques (contestation, réformes), juridiques (évolution du droit international, réformes juridiques locales) et informationnels (désinformation, attaques sémantiques et syntaxiques).
La diversité des facteurs précipitants ne représente pas uniquement une difficulté conceptuelle exponentielle: c’est également une série d’opportunités d’action. L’insécurité hybride appelle l’action de sécurité hybride: intervention militaire et policière, technologique, diplomatique, engagement avec la société civile et les institutions formelles et informelles, sans oublier un effort continu de recherche sur le terrain.
de la défense.
Le CSI est déjà à l’avant-garde de l’étude de la sécurité internationale dans sa dimension hybride et propose de développer davantage cette expertise unique en élargissant et en diversifiant encore davantage son réseau de collaborateurs. Le résultat sera un regroupement pluridisciplinaire sans précédent, dont les membres proviendront de science politique, relations internationales, droit, géographie, histoire, criminologie, génie logiciel et informatique, management, diplomatie internationale, stratégie militaire, policing et sécurité, socio-psychologie de la radicalisation. Sans compter des experts sur les politiques, cultures et conflits régionaux.
Le CSI regroupe 16 professeurs qui couvrent des champs d’intérêts variés :
- Nathalie Barrette (changements climatiques et risques environnementaux)
- Philippe Bourbeau (immigration et sécurité)
- Aurélie Campana (terrorisme et radicalisation)
- Francesco Cavatorta (Moyen-Orient et mouvements islamiques)
- Yan Cimon (industries de la défense)
- Olivier Delas (géopolitique de l’Europe)
- Brigadier-général (ret) Richard Giguère, OMM, MSM, CD (opérations militaires)
- Julia Grignon (crimes de guerre, crimes contre l’humanité)
- Gérard Hervouet (relations Canada-Chine)
- Talbot Imlay (histoire militaire)
- Anessa Kimball (alliances militaires et coopération)
- Fannie Lafontaine (crimes de guerre, crimes contre l’humanité)
- Frédéric Lasserre (géopolitique de l’arctique)
- Stéphane Leman-Langlois (cybersécurité, espionnage et extrémisme)
- Justin Massie (politique de défense du Canada)
- Jonathan Paquin (interventions militaires et relations Canada-États-Unis)
Dans les derniers mois le CSI a organisé une foule d’événements dont les thèmes gravitaient autour du thème de la sécurité hybride. Un séminaire de haut niveau sur la sécurité et la souveraineté dans l’Arctique, un autre sur l’engagement du Canada dans de nouvelles opérations de maintien de la paix, une Rencontre Université-Défense sur la zone grise des opérations militaires, un colloque sur la multiplicité des menaces transnationales sur la sécurité intérieure, une Rencontre Université-Défense sur la «guerre du futur», un colloque sur les menaces cybernétiques contre les processus politiques et les institutions des pays démocratiques, un colloque sur la collaboration militaire-réserve-secteur privé, etc. Le CSI organise aussi, annuellement, trois «écoles d’été» sur des thèmes hybrides, dont la consolidation de la paix, les conflits et les interventions internationales, le terrorisme et la radicalisation.